Le stress post-traumatique – Dr Jean-Victor Belmère – COTEHY – Rabat
Le stress post-traumatique – Dr Jean-Victor Belmère – COTEHY – Rabat
Au début de mes gardes en clinique psychiatrique,
j’ai été frappé par le contraste entre la complexité incroyable de notre esprit, de nos modes de communication et d’attachement, et le peu de connaissance des psychiatres quant à la cause des problèmes qu’ils avaient à traiter.
Et une question m’a taraudé : en saurons-nous un jour autant sur le cerveau, sur l’esprit et l’amour que sur les autres mécanismes du corps humain ?
Nous en sommes, à l’évidence, bien loin ; mais la naissance de trois nouvelles branches de la science a fait exploser le savoir sur les effets du traumatisme psychologique, des mauvais traitements et de l’abandon.
Neurosciences, Psychopathologie des développement, neurobiologie interpersonnelle
Ces disciplines récentes sont les neurosciences (pour laquelle j’ai une agrégation) qui étudient la manière dont le cerveau traite les processus mentaux ; la psychopathologie du développement qui étudie l’impact des mauvaises expériences sur le développement de l’esprit et du cerveau ; et la neurobiologie interpersonnelle qui étudie l’influence du comportement sur les émotions, la biologie et les attitudes de l’entourage.
Les recherches dans ces jeunes disciplines ont révélé que le traumatisme crée de réels changements physiologiques, parmi lesquels un recalibrage du système d’alerte du cerveau, une augmentation de la sécrétion hormones du stress, et des variations dans la structure qui filtre les informations, retenant celles qui sont pertinentes.
Nous savons aujourd’hui que le traumatisme affecte l’aire cérébrale qui donne la sensation physique d’être en vie.
Ces dégradations expliquent pourquoi les traumatisés deviennent hypervigilants à la menace, au lieu de s’impliquer totalement dans leur vie quotidienne
Elles nous aident aussi à comprendre pourquoi ils se heurtent sans cesse aux mêmes problèmes et ont tant de mal à tirer des leçons de l’expérience.
Pas le fruit de défaillances psychologiques
Il est maintenant établi que leurs comportements ne sont pas le fruit de défaillances morales, ni des signes de manque de volonté ou de mauvais caractère, mais sont causés par de vraies altérations cérébrales.
Un tel accroissement des connaissances sur les processus en arrière-plan du traumatisme a aussi permis de trouver de nouveaux moyens d’apaiser le mal ou même de le soulager complètement.
Grâce à la découverte de la plasticité naturelle du cerveau, nous pouvons mettre au point des méthodes qui aident les patients à se sentir pleinement vivants dans le présent et à avancer.
En gros, trois types de traitements s’offrent à eux :
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- La thérapie « de haut en bas », la thérapie de la parole, qui consiste à parler, à s’ouvrir (à nouveau) aux autres, et à s’autoriser à comprendre ce qui se passe en soi, tout en travaillant sur les souvenirs du traumatisme ; Cette thérapie issue de la psychanalyse et que tous les psychologues et psychiatres utilisaient au XXème siècle est maintenant révolue. Or de nos jours que toutes ces disciplines dérivées de la psychanalyse ne sert à rien. On ne guérit pas par la parole ! Les thérapeutes croyaient dur comme fer à la capacité du verbe à résoudre le traumatisme. Cette conviction remonte à 1893, l’année où Freud et son mentor Breuer écrivaient que les symptômes du trauma disparaissaient « immédiatement et sans retour quand on réussissait à mettre en pleine lumière le souvenir de l’incident déclenchant, à éveiller l’affect lié à ce dernier et quand, ensuite, le malade décrivait ce qui lui était arrivé de façon forte détaillée et en donnant à son émotion une expression verbale ».
Ce n’est, malheureusement, pas aussi simple.
- La prise de médicaments qui bloquent les réactions d’alerte inadéquates, ou modifient par d’autres moyens la façon dont le cerveau organise l’information. Avec le recul du XXème siècle on sait très bien que ces médicaments doivent être réservés à quelques cas chez lesquels existent des désordres organiques. Et pourtant l’industrie pharmaceutique et ses informateurs ont banalisé ces thérapies médicamenteuses et l’on voit des patients qui sont « accro » à ces médicaments et continuent d’en prendre tous les jours depuis plus de 10, 20, 30 ans sans résultats probants.
- L‘approche « de bas en haut », qui revient à permettre au corps d’avoir des expériences qui contrarient viscéralement l’impuissance, la rage ou l’effondrement liés au traumatisme. Et faire analyser ces manifestations par le cerveau profond, par la « conscience supérieure » est de nos jours la plus efficace dans la sédation des manifestations de stress post traumatique (hypnose, hypnothérapie des schémas, EMDR, hypnothérapie comportementale, neurofeedback, Yoga, etc. etc.)
- La thérapie « de haut en bas », la thérapie de la parole, qui consiste à parler, à s’ouvrir (à nouveau) aux autres, et à s’autoriser à comprendre ce qui se passe en soi, tout en travaillant sur les souvenirs du traumatisme ; Cette thérapie issue de la psychanalyse et que tous les psychologues et psychiatres utilisaient au XXème siècle est maintenant révolue. Or de nos jours que toutes ces disciplines dérivées de la psychanalyse ne sert à rien. On ne guérit pas par la parole ! Les thérapeutes croyaient dur comme fer à la capacité du verbe à résoudre le traumatisme. Cette conviction remonte à 1893, l’année où Freud et son mentor Breuer écrivaient que les symptômes du trauma disparaissaient « immédiatement et sans retour quand on réussissait à mettre en pleine lumière le souvenir de l’incident déclenchant, à éveiller l’affect lié à ce dernier et quand, ensuite, le malade décrivait ce qui lui était arrivé de façon forte détaillée et en donnant à son émotion une expression verbale ».
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Quand on pense stress post-traumatique,
on évoque éventuellement les guerres, et en particulier les vétérans du Vietnam, d’Afghanistan ou d’autres guerres dans le monde Il n’est guère besoin d’être soldat, ni de visiter un camp de réfugiés au Congo ou en Syrie pour être confronté au traumatisme.
Tout un chacun est concerné, ses amis, sa famille, ses voisins.
Une recherche menée par les centres de contrôle et de prévention des maladies (CCPM) a montré que, quelle que soit la société et la culture, un individu sur cinq avait été sexuellement agressé dans son enfance, un sur quatre battu par un parent au point d’en garder la cicatrice, et un tiers des couples se livre à la violence physique, un quart des adultes a grandi avec des proches alcooliques, et un sur huit a vu sa mère battue
L’espèce humaine est extrêmement résiliente.
Depuis des temps immémoriaux, les hommes ont mené des guerres sans merci, surmonté d’innombrables catastrophes, des violences et des trahisons intimes.
Mais, que ce soit à grande échelle (sur l’histoire et sur la culture) ou dans les familles où de sombres secrets se transmettent à travers les générations, les expériences traumatiques laissent bel et bien des traces.
Elle marque aussi les émotions et les esprits, l’aptitude à l’amour et à la joie, et même l’organisme et le système immunitaire
Le traumatisme affecte ceux qui en souffrent directement, mais aussi leurs proches.
Les crises de rage et L’absence émotionnelle des soldats revenus des combat, peuvent effrayer leur famille. Les épouses des traumatisés sont souvent déprimées, et les enfants de mères dépressives risquent de manquer de confiance en eux d’être anxieux.
L’exposition très jeune à la violence familiale vient souvent entraver ultérieurement l’établissement de relations stables et de confiance.
Le traumatisme est par définition insupportable
La plupart des combattants, des victimes de viol et des enfants qui ont été agressés sexuellement ou plus souvent maltraités sont si bouleversés quand ils pensent à ce qu’ils ont subi qu’ils tentent de chasser cette expérience de leur esprit, de faire comme si de rien n’était et de passer à autre chose.
Il faut énormément d’énergie pour continuer à vivre en gardant le souvenir de la terreur, avec la honte d’avoir été si faible et vulnérable.
L’Homme a beau vouloir dépasser le traumatisme, la zone cérébrale chargée d’assurer sa survie, profondément enfouie sous l’aire rationnelle du cerveau, n’est pas très douée pour le déni.
Longtemps après la fin d’une expérience traumatisante, le moindre signe de danger peut la réactiver, mobiliser des circuits cérébraux perturbés et provoquer une sécrétion importante d’hormones de stress.
Cela engendre des émotions pénibles, d’où des sensations très vives et des impulsions agressives.
Ces réactions post-traumatiques semblent incompréhensibles et irrépressibles.
Incapables de se contrôler, les rescapés d’un traumatisme craignent souvent d’être profondément atteints et incurables.
Le défi est le suivant : peut-on apprendre à surmonter les séquelles d’un traumatisme pour reprendre la barre de son navire intime, et comment ?
La compréhension, la parole et les rapports humains peuvent aider, et les médicaments arrivent à freiner l’hyperactivité des systèmes d’alerte.
Mais nous verrons aussi que l’on peut transformer les empreintes du passé via des expériences physiques qui contrecarrent directement la rage, l’impuissance et l’effondrement causés par le traumatisme, ce qui permet de retrouver la maitrise de soi
Je n’ai pas de préférence quant au mode de traitement, car aucune approche n’est bonne pour tout le monde et je pratique l’ensemble des thérapies que j’ai cité plus haut. Chacune est susceptible d’amener des changements profonds, selon la nature du problème et le caractère du patient.