Les phobies

Peurs normales ? Peurs pathologiques ?

La phobie est une maladie, sinon fabriquée, au moins auto-entretenue. Voyons comment :

La peur fait partie des émotions de base, des émotions primaires, à côté de la joie, la tristesse, la colère, la surprise et le dégoût. Comme toute émotion, elle a son utilité et sert à notre survie de façon évidente. Tout comme la douleur, elle informe d’un danger.

À partir de quand devient-on phobique alors ? Qu’est-ce qui différencie la peur normale de la peur pathologique ?

La ligne de démarcation est claire, on devient phobique à partir du moment où on a peur d’avoir peur.

La phobie c’est la peur de la peur.

C’est une fois que les sensations et les symptômes de la peur font peur. En vérité ce n’est pas de l’araignée dont ils ont peur, mais de l’état de panique, d’hystérie, qui se déclenche à la simple idée de sa présence.

Selon le DSM 5 il existe treize symptômes principaux possibles lors d’une crise de panique. Cette crise de panique est par elle-même tellement angoissante, que lorsqu’on l’éprouve pour la première fois elle en traumatise certains. Ils ont peur de la revivre. L’angoisse angoisse, c’est le début du cercle vicieux. Ils ont peur d’avoir peur, peur que la panique se déclenche, les voici devenus phobiques.

La crise de panique peut exister en dehors de manifestation phobique.

Les treize symptomatologies possibles :

        • Palpitations cardiaques, augmentation du rythme,
        • Gêne respiratoire, oppression, sensation d’étouffement, douleur ou gêne dans la poitrine,
        • Douleur ou gêne dans le ventre,
        • Tremblements ou secousses musculaires,
        • Malaises, étourdissements, sensation d’évanouissement, vertiges,
        • Paresthésies,
        • Nausées, vomissements,
        • Diarrhées,
        • Sueurs, frissons, bouffée de chaleur,
        • Sentiment de déréalisation (mon environnement me semble devenir irréel),
        • Sentiment de dépersonnalisation (le sentiment de ne plus être soi-même),
        • Peur de devenir fou,
        • Peur de mourir, sentiment de mort imminente.

En plus de ces treize signes d’appel, la crise présente une caractéristique dans son évolution temporelle. C’est important pour comprendre ensuite le principe de l’exposition progressive expliqué plus loin.

La panique démarre et va très vite atteindre son apogée, en quelques minutes, elle flambe.

Après cette ascension rapide, elle va stagner en plateau avant de commencer à descendre, doucement, jusqu’à retour au calme.

Et cette courbe, cette résolution spontanée, se fait en quarante-cinq minutes maximum. OK quarante-cinq minutes quand on panique c’est long, mais ce n’est que quarante-cinq minutes…

Or la plupart des phobiques vont fuir aux premiers signes de panique. Ils se privent ainsi de constater que ça se calme tout seul avec le temps.

Il existe deux formes de phobies :

        • Les phobies dites simples, qui portent sur un seul objet, comme la peur des araignées ou la peur de l’avion.
        • Les phobies dites situationnelles. C’est le cas de l’agoraphobie et de la claustrophobie.

Comment ça démarre ? Bien souvent la phobie va commencer à un moment de fragilité de la vie. Ce peut être jeune adulte, avec les premières responsabilités, à l’occasion du mariage, de la création de son entreprise, de la naissance du premier enfant. Ce premier enfant est une responsabilité plus grande, on devient responsable d’une autre vie. Je n’ai pas le même sentiment de responsabilité lorsque je pilote seul ma moto et lorsqu’un de mes enfants est passager. Ça se déclenche souvent lors d’une étape de croissance, par une première crise de panique liée à cette surcharge d’angoisse de ce passage de vie. Lors d’une période propice à une fragilité.

Prenons le cas de ce patient qui doit emprunter le train pour sa dernière épreuve du bac. Sans raison déclenchante claire, il vit dans ce train sa première crise d’angoisse. Le « sans raison apparente » est important, car cela signifie qu’il n’y a pas d’explication logique, qu’il ne comprend pas ce qui lui arrive. S’il n’avait pas mangé depuis cinq jours, il ne serait pas surpris, inquiet, de ce moment de faiblesse. Alors qu’ici, sans explication, il s’angoisse, il s’interroge. Pour la première fois de sa vie, son corps le trahit, il a l’impression qu’il va s’évanouir. Il ne sait pas pourquoi. Il va alors associer à la situation environnante, ici le train. Le jour où il doit le reprendre, s’il a le malheur d’y repenser, c’est foutu, il redéclenche. En effet il espère que ça ne va pas recommencer, il se surveille, s’écoute… Ce faisant il s’angoisse, ce qui donne chaud et accélère son cœur. Comme il a peur que la peur revienne, il se fait peur… Donc elle revient. Comme la première fois sa crise de panique avait été soulagée en descendant du train, alors il n’a plus qu’une idée, fuir, ne pas monter dans ce train ou en descendre à la première occasion.

Paradoxalement craindre la crise et espérer qu’elle ne recommence pas, est une façon de la provoquer… C’est le principe de la suggestion négative paradoxale. 

[1] Le DSM-5 est la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), publié par l’ American Psychiatric Association en 2013.